Le Conseil de sécurité de l'ONU a infligé samedi de nouvelles sanctions économiques et commerciales à l'Iran, pour son refus de suspendre ses activités nucléaires sensibles, dans une résolution que les dirigeants iraniens avaient d'avance rejetée.
Le texte a été adopté à l'unanimité des 15 membres du Conseil, comme l'avaient espéré les Européens, co-auteurs du texte.
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Les nouvelles sanctions, contenues dans la résolution 1747, alourdissent celles déjà infligées à l'Iran, dans la résolution 1737 du 23 décembre, pour n'avoir pas suspendu ses activités d'enrichissement et de retraitement de l'uranium comme exigé par la communauté internationale.
Téhéran avait déjà ignoré cette résolution, accélérant au contraire ses opérations d'enrichissement, selon le constat établi par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
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Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, qui avait émis le souhait d'assister au vote, y avait finalement renoncé vendredi, arguant d'un retard dans l'attribution de visas par les Etats-Unis. Washington a démenti être à l'origine d'un quelconque retard dans la délivrance des visas à la délégation iranienne.
La nouvelle résolution 1747, sur lequel les cinq "Grands" dotés du droit de veto (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) et l'Allemagne s'étaient mis d'accord dès le 15 mars, prévoit un embargo sur les achats d'armes à l'Iran et des restrictions volontaires aux ventes d'armements à ce pays.
Il contient aussi des restrictions financières et commerciales, ainsi que sur les voyages de certaines personnalités iraniennes liées au programme nucléaire.
Il comporte en annexe un rappel des propositions économiques et diplomatiques faites à l'Iran par les Européens en juin pour le convaincre de suspendre l'enrichissement.
Comme la précédente, la résolution 1747 invoque l'article 41 de la Charte de l'ONU, qui autorise des sanctions économiques et commerciales mais exclut l'usage de la force.
L'Iran assure mener son programme nucléaire uniquement à des fins civiles, mais la communauté internationale le soupçonne de vouloir se doter de l'arme atomique.
Le guide suprême de la république islamique, l'ayatollah Ali Khamenei, et le président Ahmadinejad, ont répété ces derniers jours que la nouvelle résolution et des sanctions supplémentaires ne feront pas plier l'Iran.
L'ancien président réformateur iranien, Mohammad Khatami, cité samedi par le quotidien indien Indian Express, a affirmé que l'Iran "ne se dotera jamais d'armes nucléaires" et que la crise actuelle devait être résolue "par la voie de la négociation".
"Les armes de destruction massive n'ont jamais été notre objectif", a ajouté l'ancien président qui s'est entretenu vendredi à New Delhi avec le Premier ministre indien, Manmohan Singh.
Alors que le Conseil de sécurité s'apprêtait à voter, la crise née vendredi entre la Grande-Bretagne et l'Iran à la suite d'un incident dans le Golfe ne semblait pas près de se dénouer, le ton montant entre Londres et Téhéran, tandis que l'Union européenne se mettait de la partie.
Quinze membres de la marine britannique menant une mission de routine dans le Golfe ont été enlevés par des navires iraniens dans les eaux territoriales irakiennes, selon Londres.
A la suite de Londres, la présidence allemande de l'Union européen a exigé samedi leur libération immédiate.
L'Iran, qui affirme que les marins britanniques ont été capturés dans ses eaux territoriales, les a transférés à Téhéran pour qu'ils s'expliquent "sur leur agression", selon l'agence semi-officielle Fars.
Selon un haut responsable militaire iranien cité par les médias, les marins britanniques auraient "avoué" être entrés illégalement dans les eaux territoriales iraniennes.