Les Etats-Unis ont annoncé mercredi qu'ils allaient accueillir 7.000 nouveaux réfugiés irakiens d'ici à octobre, soit 10 fois plus que la totalité des réfugiés accueillis depuis l'invasion de l'Irak en 2003.
Très critiqué pour son désintérêt apparent face à la détresse des millions de personnes qui ont dû fuir leur foyer en Irak, et souvent quitter leur pays, en grande partie à cause de l'intervention militaire américaine, Washington a également annoncé une aide d'urgence de 68 millions de dollars pour les Irakiens déplacés à l'intérieur du pays.
Selon les chiffres du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), plus de deux millions d'Irakiens sont réfugiés à l'étranger, essentiellement en Syrie et en Jordanie, auxquels s'ajoutent 1,8 million de déplacés à l'intérieur du pays.
Quelque 50.000 Irakiens continuent à fuir leur foyer chaque mois, soit l'exode le plus important dans la région depuis celui des Palestiniens lors de la création de l'Etat d'Israël en 1948, alors que la population irakienne est estimée à 26 millions d'habitants, toujours selon le HCR.
Or, les Etats-Unis n'ont accordé le statut de réfugiés qu'à 466 Irakiens depuis 2003, dont 202 seulement l'an dernier, selon les chiffres du département d'Etat.
Le revirement de l'administration américaine a été annoncé après une rencontre à Washington de la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, avec le Haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Antonio Guterres.
Au cours d'une conférence de presse conjointe avec des responsables du département d'Etat, M. Guterres a également annoncé la tenue en avril à Genève d'une conférence de donateurs pour les réfugiés et déplacés Irakiens.
Mme Rice s'est engagée à participer à hauteur de 18 millions de dollars aux fonds que le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) entend consacrer à ce programme, a indiqué pour sa part la secrétaire d'Etat adjointe chargée de la démocratie et des affaires globales, Paula Dobriansky.
La donation américaine devrait couvrir environ 30% de l'appel lancé le mois dernier par le HCR pour rassembler 60 millions de dollars.
Ces fonds sont destinés à aider quelque 200.000 des deux millions d'Irakiens ayant trouvé refuge dans les pays voisins, notamment en Jordanie et en Syrie, ainsi qu'à 250.000 des 1,8 million d'Irakiens déplacés dans leur pays par les violences et les opérations de nettoyage ethnique.
Le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack, avait annoncé un peu plus tôt que les Etats-Unis allaient accueillir 7.000 nouveaux réfugiés irakiens d'ici à octobre. Ce chiffre ne prend pas en compte les Irakiens menacés parce qu'ils ont travaillé pour les Américains, et qui pourraient être accueillis aux Etats-Unis dans le cadre d'un programme indépendant.
Les responsables américains ont expliqué le nombre limité de réfugiés irakiens accueillis jusqu'ici aux Etats-Unis par le fait que la communauté irakienne exilée jusqu'à l'an dernier au Proche-Orient y vivait dans l'aisance et ne cherchait pas à gagner les Etats-Unis.
La violence confessionnelle qui a explosé dans le pays après l'attentat contre la mosquée de Samarra, il y a tout juste un an, a provoqué un nouveau flot de réfugiés qui se sont rapidement trouvés à cours de ressources.
"Nous avons perçu les premiers signes (d'une crise réelle) il y a trois ou quatre mois", a précisé Ellen Sauerbrey, chargée avec Mme Dobriansky de remettre un rapport à Mme Rice sur ce sujet dans les prochaines semaines.
Tout en reconnaissant publiquement la nécessité d'agir en faveur des réfugiés, le gouvernement américain reste prudent, de peur de voir les aides aux réfugiés provoquer un exode encore plus massif, qui freinerait encore les efforts de stabilisation du pays.