Familles modèles ou recomposées, femmes à la maison ou épouses (ou maris) indépendant(e)s, les candidats américains à la présidentielle ont tous un point commun: la volonté de mettre leur vie de couple au service de leurs ambitions.
Pour l'ancienne Première dame Hillary Clinton, c'est une évidence. Ce serait une folie de ne pas chercher à exploiter au mieux les talents de son mari Bill Clinton, qui a quitté la Maison Blanche il y a six ans avec le taux de popularité le plus élevé de l'après-guerre (faisant mieux, avec 65%, que Ronald Reagan).
Le couple Clinton est sans aucun doute l'un des moins conventionnels qui soit, nul n'ayant oublié les écarts de conduite du président avec la stagiaire Monica Lewinski, mais il ne fait de doute pour personne que Bill soutient à fond la candidature de sa femme.
"Elle ferait vraiment un formidable président", l'entend-on dire régulièrement, et d'ailleurs il participe personnellement à des réunions de collecte de fonds pour sa campagne.
Aucune épouse des autres candidats ne peut rivaliser avec le carnet d'adresses et la puissance de séduction de l'ancien président, mais chacune est priée d'imprimer sa marque sur la campagne à sa façon.
Pour la démocrate Elizabeth Edwards, c'est sur le mode du courage face à l'adversité.
Main dans la main avec son époux John Edwards, en troisième position dans la plupart des sondages dans la course à l'investiture démocrate pour la présidentielle, elle a annoncé à l'Amérique le retour d'un cancer qu'elle croyait vaincu, et qui serait désormais "incurable".
Sa réaction: "je ne veux pas priver le pays d'un président", a-t-elle dit, tandis que son mari promettait de faire campagne "plus fort que jamais". Selon un sondage Newsweek publié samedi, une majorité d'Américains (56%) pensent qu'Edwards doit rester dans la course contre 25% estimant qu'il devrait jeter l'éponge.
Tous les candidats n'ont pas des histoires familiales sortant du commun à ce point, mais tous jouent autant que possible la carte familiale.
Y compris le sénateur Barack Obama, qui talonne Hillary Clinton et ne tarit pas d'éloges sur sa femme Michelle, avocate accomplie qui l'accompagne désormais en campagne.
"J'aborde cette phase de notre aventure sans tout à fait savoir ce qui nous attend, mais les yeux grand ouverts", disait-elle à des partisans en février.
Côté républicains, l'ancien maire de New York Rudolph Giuliani, à la vie personnelle nettement moins conformiste que ne le souhaiterait sans doute la base du parti, a convaincu une journaliste de la télévision ABC qu'il était "en adoration" devant sa femme - à croire qu'il voudrait faire oublier sa réputation d'homme à femmes marié trois fois.
M. Giuliani a même pris le risque de suggérer que "Judy" puisse être un conseiller officiel à la Maison Blanche - sans craindre apparemment le type de polémique qui avait entouré le groupe de travail sur la réforme de santé animé par Hillary Clinton au début de la présidence de Bill Clinton.
Même des candidats plus mineurs semblent faire de leur vie familiale un argument de campagne.
Il y a quelques jours, le démocrate Joseph Biden était l'invité de l'humoriste de télévision Jay Leno. L'émission, visible sur le site de campagne du sénateur, a été l'occasion pour ce candidat mal connu du grand public de s'humaniser en rappelant la tragédie familiale qui l'avait frappé à la même époque: la mort dans un accident de voiture, quelques semaines après son élection en 1972, de sa femme et de sa petite fille.
"Je ne croyais pas que je pourrais être à la fois sénateur et père dans ces circonstances", a-t-il confié - avant d'assurer que les encouragements de ses pairs à assumer son mandat malgré tout avait été "la meilleure chose qui me soit jamais arrivée".
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