Emmaüs offre une plaque à l’abbé Pierre, un an après sa mort
L’immeuble du 32, rue des Bourdonnais (Paris Ier) est connu de tous les SDF parisiens. C’est là que se trouve l’Agora, un centre d’accueil de jour pour les sans-abri.
Hier matin, Pascal, un compagnon d’Emmaüs, et Jean-Luc, un SDF du quartier des Halles, ont dévoilé ensemble une plaque. Elle indique aux passants que «l’abbé Pierre a vécu et travaillé dans cet immeuble de 1954 à 1958. C’est ici, véritable creuset du mouvement Emmaüs, qu’ont vu le jour les premiers groupes d’Emmaüs après l’appel du 1erfévrier 1954».
A l’origine ce bâtiment, datant du XIXe siècle, était un entrepôt. Lors de l’hiver glacial de 1954, il devint le QG de l’abbé Pierre qui venait de lancer sur les ondes de Radio-Luxembourg, cette phrase qui suscita un élan de solidarité phénoménal : «Mes amis au secours, une femme vient de mourir gelée cette nuit [...] serrant sur elle le papier par lequel avant-hier ont l’avait expulsée» de son logement.La plaque a été dévoilée à l’issue d’un «petit déjeuner de rue» organisé par Emmaüs, pour commémorer le premier anniversaire de la mort de son fondateur. Plusieurs centaines de personnes ont répondu à ce rendez-vous très matinal : des anonymes, des salariés et bénévoles de l’association et quelques personnalités, dont Bertand Delanoë et le maire (UMP) du Ier arrondissement, Jean-François Legaret. Lors d’une prise de parole, Bertrand Delanoë a salué la «modestie, la conviction et la détermination dans l’action» de l’abbé Pierre. Mais le plus bel hommage est venu de Pascal ce compagnon qui a lancé à l’assistance : «Il y a un an se taisait à jamais une voix qui inquiéta, qui rassura, mais qui ne laissa jamais indifférent.» Ensuite tour à tour, Claude Michaux, le président d’Emmaüs Paris et Christophe Deltombe, président d’Emmaüs France, ont appelé les pouvoirs publics à ne pas relâcher l’effort dans la lutte contre la misère. Vers midi, ils se sont rendus devant l’Assemblée nationale et le Sénat, pour remettre aux parlementaires une lettre truffée de chiffres relatifs au mal-logement et à la pauvreté.
Hier, un sondage Ifop, publié par Métro, désigne à égalité (21 %) Augustin Legrand (Don Quichotte) et Raymond Etienne (le président de la Fondation Abbé Pierre) comme «les personnalités [...] qui incarnent le mieux l’héritage du combat» de l’abbé. Viennent ensuite Martin Hirsch (19 %), le haut commissaire aux Solidarités actives, Christophe Deltombe (16 %) ou Xavier Emmanuelli (8 %), le fondateur du Samu social.
TONINO SERAFINI
QUOTIDIEN : mercredi 23 janvier 2008