Invité Invité
| Sujet: Les femmes entraineurs Sam 23 Déc - 12:54 | |
| Élisabeth Loisel, entraîneur de l’équipe de France féminine de football, commente la nomination de Jacky Commères, nouvel entraîneur masculin de la sélection nationale féminine de basket.
Comment expliquer que, vous mise à part, ce sont toujours des hommes qui entraînent des femmes? Cela ne me paraît pas illogique. Si je suis une exception, c’est parce que l’on m’a fait confiance il y a dix ans. A l’époque, j’étais déjà une exception. Ancienne internationale, on m’a donné la chance de suivre une formation, puis de franchir progressivement les étapes nécessaires pour devenir incontestable. J’ai été adjointe de l’entraîneur, puis coach de l’équipe des moins de 21 ans. Quand le sélectionneur a pris sa retraite, ma nomination a été naturelle. J’ai été formatée à l’école de formation à la française.
Qu’est-ce qui empêche les autres fédérations d’agir de même? D’abord un déficit de formation pour les filles. Le plus souvent, elles choisissent d’être professeur de sport, car on ne les oriente pas forcément vers l’entraînement. Ensuite, et c’est un problème global qui ne concerne pas que le sport, il s’agit d’une orientation délicate pour une femme qui vient de terminer sa carrière. Si vous souhaitez vous réaliser personnellement ou fonder une famille, ce n’est pas forcément l’idéal. Le second obstacle, c’est que pendant longtemps, ça n’était pas considéré comme intéressant, sportivement et économiquement, d’entraîner des filles.
Cela est-il en train de changer? Désormais, l’enjeu économique est plus important. Mais du coup, les opportunités intéressent aussi les hommes… Aujourd’hui, les femmes sont reconnues suffisamment capables d’entraîner, tant au niveau tactique que médiatique. Et elles acceptent de plus en plus les contraintes et les sollicitations. Après, ce sont des choix qui appartiennent aux fédérations. Ce qui est certain, c’est qu’il faut leur mettre le pied à l’étrier. Moi, je conseille à mes filles de passer leurs diplômes tant qu’elles sont joueuses. On essaie de les promouvoir à des postes de cadres d’animation technique régionaux. Des postes s’ouvrent depuis le vote de la loi sur le sport en 2000, qui a imposé au moins une femme dans les comités directeurs locaux. La reconnaissance se fait petit à petit, par le bas. Pour autant, si les hommes ont des résultats, comme Alain Jardel qui a accompli un travail formidable avec les basketteuses, on ne va pas réclamer une sectorisation inutile… Tout cela prendra du temps. Propos recueillis par Stéphane ALLIES |
|