BERLIN (AFP) - Les 27 dirigeants de l'UE se sont retrouvés samedi pour un grand concert à Berlin en l'honneur du 50e anniversaire du traité de Rome, en quête d'une harmonie apte à relancer une Union européenne déprimée depuis les rejets français et néerlandais de la Constitution.
La chancelière allemande Angela Merkel, présidente en exercice de l'UE, était tout sourire pour accueillir ses pairs, venus accompagnés de leurs épouses alors qu'elle avait son mari à ses côtés.
Après un concert à la Philharmonie, sous la direction de Sir Simon Rattle, ils devaient être reçus pour dîner au Château Bellevue par le président allemand Horst Köhler.
Dimanche, les 27 assisteront à une grande cérémonie au Musée historique, où Mme Merkel doit présenter une déclaration célébrant les succès de 50 ans de construction européenne, mais aussi soulignant les défis auxquels l'Union européenne est confrontée, y compris la nécessité de "renouveler les bases institutionnelles de l'Europe d'ici aux élections au Parlement européen de 2009".
Mme Merkel s'est montrée "optimiste": "nous abordons la question des institutions avec optimisme, mais sans exercer une trop grande pression sur qui que ce soit", a-t-elle déclaré.
"Nous prenons au sérieux les opinions dans chaque Etat-membre, nous prenons les gens au sérieux", a-t-elle assuré, répondant à certaines réserves exprimées vendredi par le président tchèque Vaclav Klaus, résolument eurosceptique.
Les dirigeants tchèques avaient demandé à ce que la date de 2009 ne figure pas dans la déclaration, par crainte sans doute d'être tenus de finaliser la mise en oeuvre d'un nouveau traité- remplaçant le traité rejeté par les Français et les Néerlandais- lorsqu'ils assumeront la présidence tournante de l'UE, au premier semestre 2009.
Mais nombreux sont les dirigeants qui, eux, soutenaient la présidence allemande.
Le chancelier autrichien, Alfred Gusenbauer, a ainsi jugé fondamental de "renforcer la capacité d'action de l'Europe" et "important" de fixer "une limite absolue" en 2009 pour sortir de l'impasse institutionnelle.
Le Premier ministre néerlandais, Jan Peter Balkenende, a assuré pour sa part que son pays "ne serait pas un pays à problème" pour la négociation d'un nouveau traité.
Le président français Jacques Chirac n'a fait aucune déclaration à son arrivée à Berlin, son dernier grand rendez-vous européen avant la fin de son mandat en mai. La présidence allemande de l'UE n'a pas caché que le vrai débat sur la relance du traité constitutionnel ne pourrait commencer qu'une fois le nom de son successeur connu.
Toute l'idée d'une déclaration pour le 50e anniversaire, imaginée au printemps 2006, était justement de mettre les 27 dans de bonnes dispositions pour relancer les discussions sur le traité, ratifié par 18 pays à ce jour.
Mais preuve de la difficulté des 27 à retrouver une unité, la rédaction de la déclaration a suscité de multiples controverses. De la mention de l'euro en passant par le mot Constitution, auquel la présidence allemande a renoncé, ou encore l'élargissement futur de l'UE, à peine mentionné dans le texte.
Certains, comme le président conservateur du Parlement européen Hans-Gert Pöttering ou Mme Merkel, auraient aussi aimé que le texte évoque les "racines chrétiennes" de l'Europe.
Le pape Benoît XVI a d'ailleurs sévèrement critiqué l'Union samedi.
"On ne peut pas penser construire une vraie maison commune européenne en négligeant l'identité propre des peuples de notre continent (...), une identité historique, culturelle et morale (...) constituée d'un ensemble de valeurs que le christianisme a aidé à forger", a-t-il déclaré lors d'une conférence des évêques européens au Vatican pour le 50e anniversaire de l'Europe.