BELFAST (AP) - La formation du dirigeant protestant Ian Paisley a rejeté samedi la date-butoir de lundi fixée par Londres pour un partage immédiat du pouvoir avec les catholiques, selon différentes sources. Ce refus, en forme d'épreuve de force avec Londres, pourrait aboutir à l'effondrement de l'Assemblée d'Irlande du Nord.
Plus de 100 responsables du Parti unioniste démocratique (DUP) de l'intransigeant Paisley ont voté à une écrasante majorité à Belfast contre la position du gouvernement britannique, qui réclame de longue date qu'un exécutif biconfessionnel de 12 membres soit formé et investi d'ici lundi, ont rapporté des représentants de la formation et de la Grande-Bretagne.
Ces derniers se sont exprimés sous couvert de l'anonymat en raison de la tenue de négociations entre les deux parties. Cependant, un porte-parole du DUP, Tim Johnston, a expliqué que le parti publierait la motion adoptée samedi après la conclusion en soirée des discussions téléphoniques entre le pasteur Paisley et le Premier ministre britannique Tony Blair.
Selon ces responsables, la motion appelle Londres à faire approuver un texte repoussant au mois de mai la date-butoir sur le partage du pouvoir. En échange, Ian Paisley accepterait d'avoir lundi un premier entretien face à face avec Gerry Adams, leader du Sinn Féin, aile politique de l'Armée républicaine irlandaise (IRA).
Si les membres du DUP refusent de respecter la date-butoir de lundi, Londres a brandi la menace d'une dissolution de l'Assemblée d'Irlande du Nord, composée de 108 membres élus il y a seulement deux semaines, et appelée à former un exécutif de 12 membres qui prendrait le contrôle de la plupart des services gouvernementaux.
Une coopération entre partis de différentes confessions devait être la pièce centrale de l'accord de paix dit du Vendredi saint en 1998, mais cette ambition s'est heurtée à l'hostilité des protestants envers le Sinn Féin.
Ian Paisley, 80 ans, a refusé samedi d'évoquer dans le détail le contenu de la motion adoptée par les responsables du DUP, tout en soulignant qu'il ne serait pas contraint par la date-limite fixée par la Grande-Bretagne. Refusant depuis des années de former un gouvernement avec les catholiques -qui selon lui doivent d'abord démontrer leur soutien à l'ordre public-, le dirigeant protestant semble ainsi avoir décidé de maintenir la pression pour obtenir de Londres des concessions de dernière minute.
A Dublin, Gerry Adams a annulé une conférence de presse et devait rencontrer le secrétaire britannique à l'Irlande du Nord Peter Hain ainsi que d'autres responsables britanniques.
Outre son hostilité envers le Sinn Féin, le DUP refuse un partage du pouvoir jusqu'à l'obtention d'une plus grande manne financière de la part de la Grande-Bretagne.
Le gouvernement britannique a offert jeudi un milliard de livres (1,5 milliard d'euros) supplémentaires sur quatre ans pour l'Irlande du Nord à condition que les partis catholiques et protestants s'accordent sur la formation d'un gouvernement mixte avant la date-butoir de lundi. Il s'agissait d'une hausse de 2,9% par rapport à l'offre précédente. Mais Ian Paisley a jugé cette proposition insuffisante. AP
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