La police italienne a démantelé lundi un groupe de terroristes présumés d'extrême-gauche situés dans la mouvance des Brigades Rouges qui projetaient des attentats et dont une cible potentielle aurait été une maison de l'ex-chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi.
"L'enquête laisse penser que ces hommes étaient peut-être prêts à passer à des actions d'éclat", a déclaré à l'AFP un responsable du ministère italien de l'Intérieur sous couvert de l'anonymat.
Outre une maison de Milan (nord) de Silvio Berlusconi, le siège de son groupe de télévision Mediaset, celui du groupe pétrolier italien Eni et un bureau du quotidien de droite Libero faisaient partie des cibles de ce groupe de 15 personnes, selon l'ordonnance du juge de Milan ayant signé les mandats d'arrêt, citée par l'agence Ansa.
Tous ces édifices sont situés dans le nord de l'Italie, selon la même source.
"Cette fois-ci nous avons probablement réussi à déjouer un attentat", a indiqué dans un communiqué le ministre de l'Intérieur Giuliano Amato sans donner plus de détails sur ce projet avorté.
"Pendant des mois ces personnes ont fait l'objet d'écoutes téléphoniques et ont été suivies, ce qui nous a permis de recueillir suffisamment de preuves pour leur arrestation. C'était une organisation structurée et très dangereuse, mais nos hommes sont intervenus avant que les suspects ne causent des dégâts sérieux", a ajouté M. Amato.
"L'opération d'aujourd'hui témoigne de la présence en Italie de poches +brigadistes+ (allusion au groupe terroriste des Brigades Rouges fondé en 1973) non encore éliminées. L'organisation que nous avons démantelée n'est pas la dernière, nous le savons. Mais c'est un succès important dans le cadre d'une activité antiterroriste qui se poursuit", a-t-il conclu.
Les suspects sont accusés d'"association terroriste et de participation à bande armée".
"Ces personnes se considéraient comme étant en guerre contre l'Etat. En intervenant nous avons évité des actions violentes car dans leurs plans il y avait aussi des cibles humaines", a déclaré Ilda Bocassini, la magistrate coordonnatrice de l'enquête.
Le groupe envisageait d'enlever des personnes ou de les intimider avec des armes afin d'obtenir de l'argent pour financer ses activités, a ajouté Mme Bocassini.
Selon le mandat d'arrêt, les 15 terroristes présumés avaient effectué des "reconnaissances" sur tous les sites cités et avaient procédé à "des enquêtes embryonnaires" sur des objectifs potentiels.
"Les quinze personnes arrêtées font partie de ce qu'on appelle la +seconde position+ des Brigades Rouges" née au milieu des années 80 alors que les autorités portaient des coups fatals au terrorisme d'extrême-gauche, a précisé à l'AFP le responsable du ministère de l'Intérieur.
"Le groupe théorisait toujours sur la révolution à travers une lutte armée de basse intensité", a-t-il ajouté.
Les Brigades Rouges (BR) ont été l'un des principaux acteurs des "années de plomb" (1970-1980) en Italie. L'apogée de leur action a été l'enlèvement et la détention pendant 55 jours puis l'assassinat de l'ancien chef du gouvernement et leader de la Démocratie-Chrétienne Aldo Moro en 1978.
Nées en 1973, les BR ont commencé à se fracturer dès le début des années 80 avec les scissions de divers mouvements et elles ont été démantelées dans les années suivantes grâce à la collaboration de repentis.
Dans les années 70-80, le terrorisme d'extrême-gauche et d'extrême-droite a fait plus de 400 morts en Italie.