LONDRES (AFP) - Gordon Brown a promis mercredi "un nouveau gouvernement avec de nouvelles priorités" après être devenu le 52e Premier ministre britannique, en remplacement de Tony Blair qui a immédiatement hérité de la fonction d'émissaire international au Proche-Orient.
Après une audience d'un peu moins une heure avec la reine Elizabeth au palais de Buckingham, lors de laquelle il a été confirmé Premier ministre, M. Brown, 56 ans, qui attendait ce moment depuis des années, s'est engagé à faire de "son mieux".
"Et maintenant, que le changement commence", a lancé M. Brown pour conclure sa première déclaration devant Downing Street, accompagné de son épouse Sarah. Il a promis de répondre aux "aspirations de tout le pays", et de rassembler "au-delà des étroits intérêts" du Labour, en construisant un "gouvernement de tous les talents".
Le président américain George W. Bush a été le premier à réagir à cette passation de pouvoir. Le porte-parole de la Maison Blanche Tony Snow a souligné que le président avait noué avec M. Blair une "relation extraordinaire". Mais M. Bush a aussi appelé M. Brown pour lui part de son souhait de "poursuivre une forte coopération".
Le président français Nicolas Sarkozy lui a également témoigné lors d'un "long entretien téléphonique" son souhait de "travailler très étroitement" avec lui et que "le Royaume-Uni prenne toute sa place dans le projet européen".
M. Blair, qui avait avant M. Brown formellement présenté sa démission à la reine après dix années passées au pouvoir, a ensuite été nommé émissaire du Quartette pour le Proche-Orient (Union européenne, Russie, Nations unies, Etats-Unis).
M. Bush a encore été le premier à saluer la nomination de M. Blair comme émissaire du Quartette, se disant "heureux qu'il poursuive son travail pour aider les Palestiniens".
Dans la foulée de cette annonce, M. Blair a aussi démissionné de son poste de député de la circonscription de Sedgefield (nord-est de l'Angleterre), qu'il occupait depuis 1983.
Pour la 318e et dernière fois, M. Blair, visiblement ému, avait répondu à la mi-journée aux questions hebdomadaires des députés, qui l'ont applaudi debout, à la fin d'une séance où il a reçu l'hommage des dirigeants de l'opposition, et du pasteur nord-irlandais Ian Paisley.
Il y a pour la dernière fois défendu sa décision d'engager les troupes britanniques en Irak, la tache sur son bilan. Il ne s'en est pas excusé, mais s'est dit "vraiment désolé pour les dangers auxquels sont confrontés les soldats en Irak et en Afghanistan".
"Je sais que certains pourraient penser qu'ils sont confrontés à ces dangers en vain. Je ne le pense pas et ne le penserai jamais", a-t-il ajouté.
Il s'est aussi exprimé sur le conflit israélo-palestinien, affirmant que la "priorité absolue" était une "solution avec deux Etats", mais que cela demanderait "une énorme intensité de travail et de concentration".
"Je vous souhaite tous bonne chance, amis ou adversaires, et voilà, c'est la fin", ont été ses derniers mots de Premier ministre.
Gordon Brown, son allié devenu rival, ouvre désormais un nouveau chapitre de l'histoire politique britannique. Il devrait annoncer dès jeudi la composition de son nouveau gouvernement et rejeter une nouvelle fois la demande d'élections anticipées, formulée par l'opposition.
Le chef des conservateurs David Cameron a estimé que M. Brown ne pouvait pas être "la solution" aux nombreux problèmes du pays, après avoir été de tous les gouvernements pendant dix ans, ni incarner "le changement" dont il se réclame.
Moins charismatique que son prédécesseur, M. Brown, austère fils de pasteur écossais, a promis un changement de style, plus sobre, mais est resté discret sur ses projets précis, répétant mercredi son souci de poursuivre le changement en matière de santé, éducation, logement et de restaurer la confiance dans le gouvernement