BERLIN (AP) - Angela Merkel a exhorté samedi ses homologues à soutenir un "renouvellement" fondamental de l'Union européenne pour les deux prochaines années. La chancelière allemande, dont le pays exerce la présidence de l'UE jusqu'à la fin du semestre, espère que ce sommet marquant les 50 ans des Traités de Rome permettront de remettre le bloc sur la bonne voie politique.
S'exprimant au premier des deux jours de la réunion informelle, Mme Merkel a souhaité que l'UE envoie un message clair à ses 490 millions de citoyens. "Les gens ont le droit de savoir comment nous imaginons une Union européenne renouvelée, qui soit capable d'agir", a-t-elle lancé.
L'Allemagne tente de sortir l'UE de la crise institutionnelle dans laquelle elle est plongée depuis les "non" français et néerlandais au Traité constitutionnel en 2005. La chancelière espère raviver l'enthousiasme populaire pour l'Union grâce à une déclaration rappelant les succès de la communauté: la fin des barrières douanières, la libre circulation des citoyens, la consolidation des démocraties de la péninsule ibérique, de Grèce et d'Europe de l'Est, le combat pour l'aide au développement et la lutte contre le réchauffement climatique.
Berlin, "une ville autrefois divisée et aujourd'hui réunifiée (...) est le symbole des succès de l'Europe depuis 50 ans", a estimé Mme Merkel. Afin d'éviter de gâcher l'anniversaire, la "Déclaration de Berlin" qui sera présentée dimanche ne mentionnera pas explicitement la Constitution ni de futurs élargissements. Le texte exaltera les réussites européennes en matière de sécurité, de prospérité et de démocratie, dans une région marquée dans la première moitié du XXe siècle par la guerre, la dépression et la dictature.
Angela Merkel a arraché un consensus sur la formulation de la déclaration solennelle, que les Allemands considèrent comme un premier pas vers la fin du blocage. "Nous devons toujours renouveler la forme politique de l'Europe, en phase avec l'époque. C'est pourquoi aujourd'hui, 50 ans après la signature des Traités de Rome, nous sommes unis dans notre objectif de placer l'Union européenne sur une base commune renouvelée avant les élections de 2009 au Parlement européen", y affirment les Vingt-Sept, selon le projet consulté vendredi par l'Associated Press.
Mme Merkel tente de mettre en place un calendrier européen qui permette lors d'un sommet en juin d'ouvrir six mois de négociations destinées à élaborer un traité, lequel serait ratifié par tous les Etats membres d'ici 2009. Un objectif ambitieux étant donné l'ampleur des désaccords à surmonter sur ce qu'il faut garder du premier projet de Constitution.
L'Allemagne et l'Italie souhaitent par exemple conserver l'essentiel du texte original, tandis que les Pays-Bas plaident pour un traité "clairement différent par son contenu, sa portée et son nom". Quant à la Pologne et au Royaume-Uni, ils redoutent un affaiblissement des pouvoirs nationaux, tandis que la République tchèque refuse de fixer une date-butoir à la conclusion d'un nouveau traité. Les discussions ont peu de chances de progresser avant l'élection présidentielle française.
C'est en effet le dernier sommet européen du président Jacques Chirac, qui assistera avec ses homologues aux festivités organisées pour le 50e anniversaire des Traités de Rome sur la Communauté économique européenne (CEE, devenue UE en 1992) et la Communauté européenne de l'énergie atomique (Euratom). Au programme: Neuvième symphonie de Beethoven porte de Brandebourg, là où se dressait jadis le Mur de Berlin, concert de Joe Cocker, pâtisseries européennes et toute une "Nuit européenne des clubs" pour danser sur des musiques choisies par des DJ venus des 27 pays de l'UE. AP
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