WASHINGTON (AP) - Le président américain George W. Bush a de nouveau mis au défi jeudi le Congrès américain de voter son projet de budget pour l'Irak sans conditions. Les démocrates, estimant bénéficier d'un mandat clair des électeurs, cherchaient de leur côté des voix pour adopter leur propre plan, qui permettrait d'entamer un retrait des forces américaines d'Irak.
Le débat à la Chambre des représentants sur une telle mesure anti-guerre commence jeudi, avant un vote vendredi, alors qu'une commission du Sénat devait elle voter jeudi sur une mesure similaire.
"Le Congrès doit faire vite son travail, débloquer les fonds que nous avons demandés, et laisser nos gars sur le terrain faire le travail", a déclaré George W. Bush à l'issue d'une rencontre avec les responsables d'unités militaro-civiles qui doivent partir prochainement pour l'Irak.
Les leaders du Parti démocrate sont confrontés à des parlementaires très divisés sur le sujet, et ils ne bénéficient que d'une étroite majorité au Congrès. Il suffira que quelques-uns des leurs leur fassent faux bond pour ne pas pouvoir faire voter une loi exigeant du président américain qu'il commence à faire revenir les troupes aux Etats-Unis.
L'enjeu est de taille pour les nouveaux dirigeants démocrates du Congrès, qui entendent prouver qu'ils peuvent influencer la politique de Bush sur la guerre, tout en soutenant l'armée.
"S'ils ne fournissent pas à nos troupes ce dont elles ont besoin, c'est leur responsabilité", a déclaré le représentant républicain Eric Cantor.
Le projet de budget de 124 milliards de dollars (92,8 milliards d'euros) de la Chambre des représentants destiné à financer les guerres en Irak et en Afghanistan, exigerait en outre un retrait des troupes combattantes d'Irak d'ici l'automne 2008, et peut-être plus tôt si le gouvernement irakien ne fait pas de progrès sur ses engagements, tant au niveau politique qu'en matière de sécurité.
Mais il reste plusieurs obstacles. Plusieurs démocrates anti-guerre de la gauche du parti devraient se joindre aux républicains pour s'opposer à la mesure, parce qu'ils affirment que celle-ci est la poursuite du financement une guerre immorale. Et si le projet de loi connaît des ennuis à la Chambre des représentants, il pourrait bien capoter au Sénat.
De son côté, George W. Bush a affirmé qu'il mettrait son veto à une telle mesure restrictive si d'aventure elle arrive jusqu'à son bureau à la Maison Blanche.
Nancy Pelosi, chef de la majorité démocrate à la Chambre des représentants, a continué quant à elle à faire pression sur les membres de son parti pour qu'ils soutiennent le projet de loi, n'étant pas certaine de bénéficier de suffisamment de voix pour le faire voter. Après avoir prévu un vote jeudi, elle l'a repoussé à vendredi, une tactique qui lui donne plus de temps pour s'assurer d'obtenir les 218 voix nécessaires. AP
pyr/v640/nc