WASHINGTON (AP) - Plusieurs milliers de manifestants défilaient samedi après-midi à Washington pour protester contre la guerre en Irak, près de quatre ans après le début de l'intervention américaine le 20 mars 2003.
Partis du Mémorial Lincoln, les manifestants ont emprunté le pont enjambant le fleuve Potomac et se dirigeaient vers le Pentagone. La police ne fournit plus d'estimations officielles pour ce genre de rassemblement, mais on évaluait de sources policières à entre 10.000 et 20.000 le nombre de manifestants anti-guerre dans la capitale. D'autres manifestations étaient organisés à travers tout le pays.
"Trop de gens sont morts et ça ne résout rien", expliquait Ann O'Grady, venue spécialement de l'Ohio (nord-est) avec son mari et leurs deux enfants. "J'ai du mal à vaquer à mes occupations quotidiennes quand des gens souffrent, Américains et Irakiens".
"Etats-Unis hors d'Irak, maintenant", "Stop à la guerre en Irak, pas de guerre contre l'Iran, Destituez" Bush, pouvait-on lire sur les banderoles. Pendant ce temps, une contre-manifestation, moins importante mais significative, se tenait de l'autre côté de Constitution Avenue. "Combattez le Djihad, pas les GI's", affirmait-on de ce côté. La police montée et des barrières séparaient les deux groupes de manifestants.
Jeff Carroll, un ex-Marine de 47 ans, arborait une banderole proclamant: "Fier de nos soldats, honteux pour notre président". L'ancien militaire, aujourd'hui électricien, explique avoir servi au Liban en 1983, où une caserne des Marines a été la cible d'un attentat meurtrier. Pour lui, les Etats-Unis devraient plutôt se concentrer sur la situation en Afghanistan et la traque du chef du réseau Al-Qaïda Oussama ben Laden plutôt que sur l'Irak.
Des anciens combattants de la guerre du Vietnam se sont de leur côté rassemblés devant le Mémorial du conflit, avec des sentiments divers. "Je ne suis pas sûr de soutenir la guerre" en Irak, avoue William "Skip" Publicover, qui a perdu au Vietnam deux camarades. "J'ai appris au Vietnam qu'il est difficile, sinon impossible de rallier les coeurs et l'esprit des gens".
Larry Stimeling, ancien du Vietnam, a lui déploré le manque de soutien de la population aux troupes en Irak. "Nous n'avons pas perdu la guerre au Vietnam, nous l'avons perdue ici même" à Washington où une manifestation contre ce conflit avait rassemblé quelque 50.000 personnes devant le Pentagone le 21 octobre 1967. "C'est aujourd'hui la même chose".
Vendredi soir, plusieurs milliers de personnes avaient prié pour la paix dans la cathédrale de Washington, donnant le coup d'envoi des manifestations contre la guerre en Irak. L'un des participants, John Pattison, 29 ans, est venu avec son épouse de Portland, dans l'Oregon, pour leur première manifestation contre la guerre.
"La nuit où (l'offensive américaine) a commencé, mes amis et moi avons porté un toast à la puissance militaire des Etats-Unis. Nous étions très fiers et nous pensions que ce que nous faisions était bien", se rappelle-t-il. Puis le doute s'est insinué. "La rhétorique des chrétiens était largement dominée par le droit religieux et prônait la guerre. Ce n'est pas de cette façon que je lis les Evangiles". AP
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