GAZA, 7 jan 2007 -
Des dizaines de milliers de partisans du Fatah, du président palestinien
Mahmoud Abbas, se sont livrés dimanche à une démonstration de force à Gaza à
l'occasion de l'anniversaire de leur parti, engagé dans une lutte de pouvoir meurtrière
avec son rival, le Hamas.
Cette manifestation monstre, qui a eu lieu dans le stade Yarmouk, est l'une des
plus grandes manifestations du Fatah depuis la création de l'Autorité
palestinienne en 1994.
L'homme fort du Fatah dans la bande de Gaza et bête noire du Hamas, le député
Mohammad Dahlane, a menacé de riposter à toute attaque contre les partisans du
Fatah, devant des milliers d'hommes armés qui scandaient à l'adresse du
mouvement islamiste, qui contrôle le gouvernement: "La mort pour les meurtriers!".
"Chiites! chiites!", criaient également les hommes du Fatah qui
accuse le Hamas d'être contrôlé par l'Iran chiite, alors que des centaines
d'autres tiraient des rafales d'armes automatiques sous les portraits du défunt
leader historique palestinien Yasser Arafat et une forêt de drapeaux jaunes.
"Notre message aujourd'hui est l'union et la force, derrière la direction
du Fatah, d'Abou Mazen (Mahmoud Abbas) et de ses forces armées pour dire que le
sang de Mohammed Ghraib marque un tournant dans nos relations" avec le
Hamas, a lancé Mohammad Dahlane.
Mohammed Ghraib, un colonel de la Sécurité préventive, un organe de sécurité
fidèle à M. Abbas, a été tué jeudi par des partisans du Hamas qui avaient
assiégé sa maison à Jabaliya (nord de la bande de Gaza).
"S'ils pensent que ce meurtre restera sans réponse, ils se trompent. Nous
quitterons ce lieu (...) avec un nouveau programme: si quelqu'un du Fatah est
attaqué, nous riposterons deux fois plus fort", a ajouté M. Dahlane.
De son côté, le secrétaire général de la présidence Tayyeb Abdelrahim a assuré:
"Nous ne laisserons pas couler le sang des Palestiniens du Fatah".
Le Fatah a été fondé en 1959 par Yasser Arafat et a lancé sa première action
armée contre Israël le 1er janvier 1965.
Cette manifestation intervient au lendemain de la décision M. Abbas de déclarer
"illégale" la Force
exécutive du Hamas, si elle n'était pas intégrée dans l'appareil sécuritaire
existant.
Le Hamas a riposté en annonçant le doublement des effectifs de sa Force, pour
la faire passer de 5.500 à 12.000, dans une escalade dangereuse qui fait
craindre des affrontements d'envergure entre les deux camps.
Les islamistes avaient décidé de créer leur propre force après l'entrée en
fonction du gouvernement du Hamas en mars, pour contrecarrer la mainmise du
Fatah sur les appareils sécuritaires.
M. Abbas a accentué encore plus dimanche sa pression sur le Hamas en se disant
déterminé à mener des élections générales anticipées contre l'avis des islamistes.
"Je ne reviendrai pas sur la tenue d'élections législatives et
présidentielles anticipées", a-t-il déclaré lors d'une réunion à huis clos
du Fatah à Bethléem, selon des propos rapportés par un témoin.
M. Abbas n'a toujours pas fixé de date pour ces élections dont il avait annoncé
la tenue le 16 décembre après l'échec de discussions avec les dirigeants du
Hamas pour former un gouvernement d'union.
Côté israélien, le vice-Premier ministre Shimon Peres a estimé qu'"une
guerre civile serait une tragédie pour les Palestiniens, la paix et
Israël".
Les inquiétudes restaient également vives concernant le sort du photographe
péruvien de l'Agence France-Presse (AFP), retenu en otage depuis sept jours
dans la bande de Gaza.
Selon des sources sécuritaires palestiniennes, Jaime Razuri, 50 ans, est entre
les mains d'un grand clan familial qui le retiendrait dans un quartier de la
ville de Gaza. Aucun groupe n'a toutefois revendiqué son enlèvement.
Par ailleurs, selon des sources sécuritaires israéliennes et palestiniennes,
l'armée israélienne a arrêté à Naplouse quatre Palestiniens soupçonnés d'avoir
planifié une attaque suicide en Israël.