BOGOTA, 5 jan 2007 - Un ancien ministre colombien, Fernando Araujo,otage de la guérilla marxiste des FARC pendant six ans, a échappé à ses ravisseurs lors d'une opération de l'armée et a marché pendant cinq jours sans boire ni manger avant de rencontrer une patrouille qui l'a ramené chez lui.
"Dimanche quand je me suis aperçu que les hélicoptères survolant le
campement commençaient à tirer, je me suis dit : ou je m'en vais ou ils
me tuent, c'est donc question de vie ou de mort", a expliqué M. Araujo,
lors d'une conférence de presse à Cartagena, à 1.090 km au nord de
Bogota.
L'ancien ministre, très amaigri et la peau brunie
par le soleil, a remercié chaleureusement les forces armées pour leur
intervention au cours de laquelle six guérilleros ainsi qu'un soldat
ont été tués. "Cela m'a donné l'occasion de m'échapper", a-t-il dit.
Il a indiqué que son campement se trouvait près de San Agustin, à
proximité de la ville de San Juan Nepomuceno, dans le département de
Bolivar (nord) dans une région appelée les Montes de Maria.
"Cela a été extrêmement difficile de m'échapper de ce campement où il y
avait pratiquement 200 guérilleros", a-t-il expliqué. Il n'a pas
précisé devant la presse s'il était détenu avec d'autres otages ou s'il
était le seul.
M. Araujo a raconté qu'il a cherché pendant
cinq jours la bonne direction et le bon chemin, caché dans végétation.
"C'était très compliqué car les bois sont très denses et je n'avais
aucun outil pour m'aider, seulement les mains", a-t-il expliqué.
M. Araujo, qui a été ministre du Développement économique du président
Andres Pastrana (1998-2002), avait été enlevé le 4 décembre 2000 par un
commando de guérilleros alors qu'il effectuait des exercices matinaux
sur une plage de Cartagena.
Il faisait partie d'un groupe
de 58 otages dont la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt, ex-candidate
à la présidence, que les FARC avaient proposé d'échanger contre 500
rebelles emprisonnés. Ce groupe comprend aussi trois Américains,
plusieurs dizaines d'autres hommes politiques colombiens, 34 militaires
et policiers.
L'ancien ministre a précisé qu'il était
constamment surveillé par un groupe de 12 guérilleros des FARC (Forces
armées révolutionnaires de Colombie) aidés de groupes d'appui.
Il s'est montré favorable aux actions militaires menées contre les
campements de guérilleros en estimant que "les précautions adéquates
sont prises pour que les otages courent le moins de risques possibles".
"Je rêvais de ce moment depuis le premier jour de mon enlèvement.
Parfois je le considérais comme possible, d'autres fois non", a-t-il
ajouté, visiblement ému. Pour M. Araujo, qui a retrouvé, dans le port
de Cartagène, sa famille privée de lui depuis l'an 2000, "le 21ème
siècle a commencé aujourd'hui".