L'association les Enfants de Don Quichotte a continué samedi 6 janvier
d'essaimer ses campements pour y accueillir des SDF et attirer
l'attention sur le sort des mal logés. Une trentaine de tentes
identiques à celles du Canal Saint-Martin à Paris ont notamment été
installées en plein coeur de Bordeaux, et une vingtaine à Strasbourg.
A Bordeaux, une centaine de personnes s'étaient données rendez-vous
dans les allées de Tourny, à proximité du Grand-Théâtre où les chalets
du marché de Noël étaient en cours de démontage, sauf l'un d'eux mis à
la disposition des organisateurs par la mairie de la ville. "La misère existe en France. Elle doit être montrée et non plus cachée", a expliqué Nicole, "une enfant de Don Quichotte"
à l'origine du campement. Elle a annoncé qu'une tente supplémentaire
serait dressée à chaque demande de SDF et que le camp ne serait levé "que lorsque tous les SDF et mal logés ici présents auront eu un logement".
Dans les allées une banderole proclame : "Bordeaux : 2 000 à 3 000
SDF". Emmaüs,
qui a fourni les tentes, devrait aider l'association à proposer des
boissons chaudes, voire des repas dans une plus grande tente. Jeudi, la
mairie de Bordeaux s'était dite mobilisée sur la question des
sans-logis, tandis que le président (PS)
du conseil général de Gironde, Philippe Madrelle, avait jugé lors d'une
conférence de presse que
l'accès au logement d'urgence reste "difficile" dans le
département, qui compte environ 2 000 personnes sans domicile fixe, en
raison de lieux d'accueil collectifs insuffisants.
A Strasbourg, l'association a installé 22
tentes sur la place Broglie, devant la préfecture et l'hôtel de ville.
Le campement a été dispersé quelques heures plus tard par la police,
sur ordre de la préfecture,
après que certains membres de l'association et
sympathisants aient refusé de déplacer le camp. Le mouvement a ensuite
obtenu une autorisation préfectorale jusqu'à lundi, et replanté une
quinzaine de tentes sur les
quais, près de la place de la République. Le porte-parole des Verts
Yann Wehrling et des élus socialistes étaient présents, tandis que de
nombreux sans-abri et mal-logés venaient s'inscrire pour obtenir une
des 30 tentes qui devaient être
montées."La ville de Strasbourg dit qu'il y a 25 SDF ici, je crois qu'elle a juste oublié un zéro derrière", a déclaré une femme actuellement logée en foyer Sonacotra, sous couvert d'anonymat."Nos
actions ne sont pas prêtes de se terminer car nous ne sommes pas
d'accord avec le fait que le gouvernement mette des conditions sur
notre charte", a expliqué le porte-parole de l'association.
A
Poitiers (Vienne), huit tentes avaient été installées jeudi devant
l'église Notre-Dame afin d'y accueillir quatorze personnes. A La
Rochelle (Charente-Maritime), où l'installation de tentes a commencé
lundi sur le port, le campement en comptait une douzaine samedi. A Dax
(Landes), une vingtaine de tentes ont été dressées sous le pont des
arènes.