L'obésité continue à progresser en France, où l'on dénombre 5,9 millions d'obèses --soit 2.347.000 de plus qu'il y a neuf ans-- et même si cette courbe tend à ralentir, ce n'est pas le cas des formes les plus graves, selon une enquête baptisée ObEpi publiée mardi.
A l'instar de nombreux pays, la France grossit. Elle compte désormais au total près de 20 millions (19,81 millions) de gens en "surpoids" ou obèses.
En neuf ans, la population a grossi en moyenne de 2,1 kg et grandit de 0,4 cm, et son ventre s'est arrondi de 3,4 cm en moyenne.
"L'enquête ObEpi 2006 chiffre l'effet générationnel", commente auprès de l'AFP le Pr Arnaud Basdevant, spécialiste de la nutrition (Hôtel Dieu, Paris) qui a coordonné l'étude avec le Dr Marie-Aline Charles, épidémiologiste (Inserm).
"Toutes les générations sont touchées, mais on devient obèse de plus en plus tôt, ce qui fait craindre des conséquences plus importantes et plus précoces pour les jeunes générations", explique-t-il.
La fréquence de l'obésité, considérée comme une épidémie par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), reste inversement proportionnelle aux revenus (près de 19% dispose de moins de 900 euros, 18% entre 2.900 et 1.200 euros, contre moins de 5% à partir de 5.301 euros).
Aucune région n'est épargnée par la progression de l'obésité mais le Nord reste la plus fortement touchée en 2006 (18,1%) suivie par l'Est (14,1%) et le Bassin Parisien (13,4%).
L'enquête ObEpi 2006, réalisée par TNS Healthcare Sofres auprès de 23.747 adultes (15 ans et plus) et financée par la firme Roche (Institut Roche de l'Obésité), est la 4e après celles de 1997, 2000 et 2003.
Si au cours des trois dernières années on constate une ébauche de ralentissement de la progression de l'obésité (+ 9,7% en 2006 par rapport à 2003 contre +17% entre 1997 et 2000 et entre 2000 et 2003), les formes graves progressent elles toujours régulièrement (de 0,3% en 1997 à 0,8% en 2006).
"On voit de plus en plus de formes majeures d'obésité, les plus dangereuses pour la santé, en particulier chez les jeunes. Le système de santé doit s'attendre à accueillir de plus en plus d'obésités graves, y compris parmi les plus de 65 ans", avertit le Pr Basdevant.
Selon Mme Charles, "pour la génération née à la fin des années 70, la prévalence (fréquence) de 10% d'obèses sera atteinte vers l'âge de 30 ans, alors qu'une proportion similaire a été atteinte vers 45 ans pour ceux nés dans les années 50 et vers 70 ans pour ceux nés dans les années 20".
L'obésité progresse plus vite chez les femmes, une différence d'avec les hommes relevée essentiellement avant 45 ans.
En revanche, depuis trois ans la fréquence du surpoids se stabilise mais concerne tout de même environ 13,9 millions de Français de 15 ans et plus (29,2% d'entre eux).
L'augmentation du tour de taille, qui ne devrait pas excéder 100 cm pour les hommes et 90 pour les femmes, reflète une plus grande fréquence d'un excès de graisse abdominale, directement associé à un risque cardio-vasculaire accru.
Parmi les 65 ans et plus, la proportion d'obèses est plus importante que dans la population générale (16,5% contre 12,4%), même si elle diminue parmi les plus âgés (11,6% chez les 80 ans et plus).
"Un obèse a dix fois plus de risque d'être traité pour trois facteurs de risques vasculaires (diabète, hypertension, anomalies des graisses du sang...) qu'une personne de poids normal", rappelle le Pr Basdevant.